GiL Sculpture Modelage. La réalisation d'un bronze dans une fonderie d'art

1. Fabrication du moule (1/3)

Ce moule est conçu pour être réutilisable. En général il se compose de deux coques mais, pour des sujets complexes, il peut en compter trois, voire quatre. Chaque coque comporte une « peau » intérieure en élastomère qui épouse la forme de l'original.
Ici l'élastomère est en cours de séchage. Il va être recouvert de plâtre pour former la première coque.
1. Fabrication du moule (2/3)

Le première coque est maintenant terminée, le moule a été retourné et l'original badigeonné de produit anti-adhésif (huile ou savon liquide) avant d'être recouvert d'élastomère.
Le préposé au moulage creuse dans l'épaisseur de la première coque les emplacements des « clefs » qui permettront d'ajuster les deux coques ensemble.
1. Fabrication du moule (3/3)

Une fois terminé, le moule est étiqueté. Dès qu'il a servi à tirer les épreuves en cire prévues, il est stocké dans un entrepôt dédié en vue d'utilisations futures.
A partir du même moule il ne peut être tiré que 8 exemplaires originaux en bronze, numérotés de 1/8 à 8/8 en chiffres arabes, plus 4 épreuves d'artiste (EA), numérotées de I à IV. Ensuite le moule est détruit.
2. Tirage de l'épreuve en cire (1/3)

Il comporte plusieurs opérations bien distinctes.
On commence par déposer à l'intérieur du moule une première couche de cire liquide d'environ 1 mm en badigeonnant les coques à l'aide d'un pinceau. Le moule est alors refermé et une deuxième couche, plus épaisse (2 à 3 mm), constituée cette fois-ci d'un mélange de cire et de collophane, est déposée sur la première. On réalise cette opération en remplissant le moule du mélange qu'on revide dès qu'il a suffisamment durci.
2. Tirage de l'épreuve en cire (2/3)

On remplit enfin le moule de « réfractaire », mélange liquide de plâtre et de brique pilée qui constituera le « noyau ».
2. Tirage de l'épreuve en cire (3/3)

Dès que le « réfractaire » a pris, on peut démouler l'épreuve en cire en séparant les deux coques du moule.
3. Retouche de la cire

La cire est alors retouchée par égalisation des coutures et d'éventuelles petites défectuosités dues au moulage. Cette délicate opération qui restitue la forme exacte de l'original est réalisée par une opératrice spécialisée. A ce stade l'artiste intervient très souvent, parfois il effectue seul le travail de retouche.
4. Préalables au « moule de potée » (1/2)

L'épreuve en cire va être alors recouverte d'un moule en réfractaire, dit « moule de potée », qui permettra de couler le bronze dans l'espace laissé libre par la cire quand elle aura fondu. La réalisation de ce moule est précédée de deux opérations indispensables :
a) adapter le réseau de coulée composé de bâtonnets de cire qui, en fondant lors de la cuisson du moule, permettront d'alimenter le métal en fusion (par l'entonnoir de coulée et les « jets ») et simultanément d'évacuer l'air et les gaz (par les « évents »).
Sur la photo les jets et l'entonnoir de coulée ont déjà été mis en place.
4. Préalables au moule de potée (2/2)

b) fixer dans le noyau, à travers la cire, des clous qui, pris dans l'enveloppe externe du moule, le maintiendront en place quand la cire fondra.

Ici on voit que l'ensemble du réseau décrit précédemment a été posé ainsi que les clous de maintien du noyau.
5. Fabrication du moule de potée (1/2)

Sur la cire ainsi préparée on imprime par pulvérisation une première couche de réfractaire trés liquide qui épouse les détails. Les couches suivantes seront appliquées à la main jusqu'à l'obtention du moule final.
5. Fabrication du moule de potée (2/2)

Ici le moule est terminé.
Lors de la coulée il sera calé dans un bac à sable pour lui permettre de résister à la pression exercée par le bronze en fusion. Pour les petites pièces, le moule peut être coulé dans une ceinture cylindrique métallique qui joue le même rôle.
6. Décirage et cuisson du moule

Le moule, posé à l'endroit dans le four, est d'abord porté à 200-300°C pour réaliser le « décirage » : la cire liquéfiée s'évacue ; sa disparition libère l'espace entre le moule et le noyau et détermine le réseau de coulée. Le moule est ensuite porté à 600°C, puis refroidi lentement.
7. Coulée du bronze (1/3)

La coulée est l'instant magique qui justifie à lui seul le travail du fondeur, mais aussi celui de l'artiste quand il a la chance de pouvoir y assister.
Pour pouvoir couler, la température du four est montée à 1150°C.
Ici, une photo du four, prise de face.
7. Coulée du bronze (2/3)

Les plus petits moules dans leur enveloppe de métal ont été alignés près du four.
Ils sont remplis à l'aide d'une louche...
7. Coulée du bronze (3/3)

...les moules les plus grands ont été enterrés dans du sable pour les maintenir en évitant l'éclatement. Ils sont remplis à l'aide d'une « poche de coulée » tenue par deux hommes (on remarquera les équipements de protecton des opérateurs).
La coulée terminée, le surplus de bronze en fusion est récupéré dans des lingotières.
8. Décochage de la pièce

Quand il a refroidi, le moule est alors cassé (c'est le « décochage ») et les dernières traces de plâtre enlevées au jet d'eau sous haute pression.
La pièce brute de fonte apparaît enfin.
9. Nettoyage de la pièce

Le réseau de coulée est découpé, les clous de maintien du noyau pris dans le bronze sont chassés et le noyau lui-même est extrait par morceaux au travers d'ouvertures propres à la pièce ou pratiquées à cet effet (photo).
La pièce est enfin sablée
10. Ciselure et polissage (1/2)

La ciselure consiste à redonner à la pièce qui sort de fonderie la forme exacte de l'original et son caractère artistique. Les nombreuses opérations qu'effectue le ciseleur (ébarbage, rebouchage, ragréure, réparure, ciselure, assemblage, etc.) demandent une grande habileté, de la patience et un sens artistique certain. Le ciseleur doit faire oublier son passage...
Puis vient le polissage plus ou moins fin selon le rendu de surface souhaité par l'artiste.
L'atelier de Patrick Paumelle comporte 5 postes de ciseleurs.
10. Ciselure et polissage (2/2)

Le ciseleur dispose d'une grande variété d'outils mécaniques ou manuels : meuleuse, disqueuse, perceuse, chalumeau, limes, rifloirs, etc.
11. Patine de la pièce

Ultime étape, la patine vient couronner l'ensemble du travail de la fonderie d'art. C'est l'artiste qui décide, avec le patineur, de l'aspect final donné à son œuvre. L'application par couches successives, à chaud, d'oxydes métalliques, d'acides et d'eau va petit à petit faire acquérir à la pièce le ton souhaité.
La réussite d'une patine repose sur l'expérience et le sens artistique du patineur.
Opération finale

C'est souvent à l'occasion d'une pause (photo) que Patrick (debout au fond) vous emmène dans son bureau pour réaliser l'opération la plus délicate du processus (pour l'artiste, évidemment) : la « douloureuse » !
PS : en vérité pas si douloureuse que cela, les tarifs de la fonderie Paumelle sont plus que raisonnables...

(Merci à Patrick de m'avoir permis de faire ce petit reportage et d'en avoir corrigé les inévitables erreurs)

(Survolez les vignettes pour voir le détail de l'opération)

« Comment fait-on un bronze ? » me demande-t-on souvent : c'est le travail de la fonderie d'art.
Pour ma part je fais confiance à celle de Patrick Paumelle, située à Morsains dans la Marne (cf. liens). Patrick et son équipe (une vingtaine de personnes) pratiquent la fonte à cire perdue qui comporte de nombreuses étapes avant d'aboutir au résultat final :

1. Fabrication du moule
2. Tirage de l'épreuve en cire...
3. ...et retouche de la cire
4. Préalables au « moule de potée »...
5. ...et fabrication du moule
6. « Décirage » et cuisson du moule
7. Coulée du bronze
8. « Décochage » de la pièce
9. Nettoyage de la pièce
10. Ciselure et polissage
11. Patine de la pièce
12. Opération finale